Mais qui ne fut pas la sienne!
Henri Charrière,né le16 novembre 1906, matricule 51367, fut condamné le 20 octobre 1931 par la cour d'Assise de la Seine aux travaux Forcés à perpétuité pour meurtre.
Il débarque à Cayenne le 14 octobre 1933.
Le 5 septembre 1934, il s'évade de l'hôpital de Saint Laurent où il est affecté comme infirmier.
Arrêté en Colombie,puis réintégré le 30 mai 1935.Il est traduit devant le Tribunal Maritime Spécial du 9 septembre 1935 qui le condamne respectivement à 2 ans de prison et un an de réclusion cellulaire à l'île Saint Joseph.
Au cours de son séjour aux îles , il est condamné à plusieurs reprises pour bavardage,coups réciproques,mauvaise volonté au travail, réclamation non fondée et pour avoir répondu "merde" à une observation qui lui était faite.
c'est au cours d'une de ces sanctions qu'il fut mis au cachot pour un total de 126 jours.
On peut encore relever à l'encontre de Charrière , une punition de 15 jours de cellule, le 30 avril 1937, pour avoir volontairement cherché à infecter une plaie.
On note enfin 8 jours de cellule, infligés par la Commission Disciplinaire du même jour, pour "maraudes de cocos" interdiction était faite de recueillir les noix tombées.
Transféré au camp forestier des Cascades,non loin de l'aéroport de Rochambeau,c'est de là qu'il s'évade avec 3 autres complices.
Il n'aura donc jamais réalisé d'évasion des îles et encore moins de l'île du Diable.
Par contre,il aura fait sienne ,l'évasion réussie , en 1940, des transportés Maurice Fontan et Carmino De Simone,alors qu'il était encore sur l'île Royale.
Partis des cuisines de l'hôpital de l'île Royale, ils prennent la direction de la roche plate, d'où ils partent.Il était environ 19heures.
Trois quarts d'heure plus tard,ils pouvaient apercevoir les feux des lampes des surveillants lancés à leur recherche.
"Quatre boites de lait et deux de fromage composaient les viatiques de la "belle".le radeau était en forme de triangle.le cadre était fait de planches provenant de démolitions.Trois bidons d'essence vides,de 50 litres faisaient usage de flotteurs; l'un était à l'avant et les deux autres à l' arrière,en soutien dans le sens opposé".
Maurice Fontan,auteur de l'évasion déclare lors de son audition: " Après avoir vogué en pleine mer durant deux nuits, nous avons touché le rivage ou plutôt un banc de vase,le mercredi soir.Il pouvait être 23 heures.Nous sommes restés une partie de la nuit à attendre la marée.Au petit jour,une énorme vague est arrivée brusquement tandis que nous dormions encore.Désemparés,nous nous trouvions sur la vase et nous n'osions plus bouger par crainte de nous enliser.Notre radeau s'était disloqué sous le choc."
" la vague m'avait soulevé du radeau et emporté sur de la vase molle.Lui -même (De Simone),malgré mes conseils,décida de se diriger trop hâtivement vers le rivage ,avant que la vase ne soit suffisamment durcie des suites du perdant. A peine avait-il franchi quelques mêtres, qu'il m' appela au secours.C'est alors qu' à ma grande stupéfaction, je vis De Simone enlisé jusqu'au cou.Avec de grandes précautions,je faisais l'impossible pour le dégager en le tirant par les cheveux".
L' on s'en serait douté! De Simone fut englouti par la vase,comme en d'autres latitudes, il l'aurait été par des sables mouvants.Seul Fontan put témoigner,chargeant le disparu de toutes les préméditations afin d'alléger sa condamnation future. Rocambolesque épisode d'une belle qui se termina certainement par un règlement de compte car d'après les éléments de recherche en notre possession.,Carmino était possesseur d'une montre en or et certainement d'une importante somme d' argent.
C'est lui le fameux italien "Salvida Roméo" au plan d' or du roman de Henri Charrière "Papillon".
Il était d'usage,chez les bagnards évadés collectivement , qu'on tuât celui ou ceux possesseurs d'importantes sommes d' argent afin de les utiliser au cours de la cavale.
Sources: "Les Iles du Salut" par Eugène Epailly.
Si vous voulez tout savoir sur Francis Lagrange qui a peint le tableau de mon post précédent ,c'est ICI